Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 mars 2013 4 14 /03 /mars /2013 03:20

http://www.franceinfo.fr/economie/bras-de-fer-annonce-autour-du-budget-europeen-885383-2013-02-07

Le Président du Conseil européen Herman Van Rompuy a encore revu la proposition de budget à la baisse © Maxppp


Seule solution : Sortir de l'euro, de l'UE ! (eva R-sistons)
13 mars 2013
Véto au budget d’austérité européen ! 

Le Parlement vient d’adopter à 582 voix contre 86 et 67 abstentions une résolution sur le prochain budget européen 2014-2020 critiquant fortement les coupes programmées par les gouvernements européens tout comme l’approche prise pour nous l’imposer.


Le 8 février les chefs de gouvernements réunis en Conseil européen se sont entendus sur un budget d’austérité pour les sept prochaines années à venir. Non seulement le budget est en recul, ce qui constitue une première historique, mais cette baisse importante, de l’ordre 10% sur l’ensemble du budget, touche principalement les politiques de solidarité que sont la PAC et les fonds de cohésion.

Les fonds de la Politique agricole commune et de cohésion respectivement réduits de 16 et 8% sont pourtant un puissant vecteur de solidarité européenne en redistribuant ces fonds sur l’ensemble des territoires européens et plus particulièrement ceux enclavés ou les moins développés. Le compromis que veut imposer le Conseil au Parlement européen reprend lui la logique de la Commission cherchant à faire du budget européen un instrument de ses politiques libérales, tout en réduisant significativement l’enveloppe globale.

Mon groupe de la Gauche Unitaire Européenne / Gauche Verte Nordique (GUE-NGL) qui rassemble des forces progressistes de toute l’Europe ne peut l’accepter. C’est pourquoi nous avons décidé de soutenir cette résolution  commune à tous les groupes qui rejette le budget en l’état actuel et rejette la manière dont le Conseil essaie de nous imposer un cadre budgétaire déjà bouclé.

Avec l’ensemble des groupes du Parlement européen nous nous opposons à cette tentative des chefs de gouvernements européens de nous mettre devant un fait accompli. Mon groupe exige en place un budget européen beaucoup plus ambitieux, à même de faire face aux conséquences terribles de la crise que nous traversons et d’initier les politiques de relance nécessaires pour en sortir par le haut.

 

 

13 mars 2013
« Une décision grave au Parlement européen » 

Mardi 12 mars, le Parlement européen a adopté sans débat et en catimini deux rapports qui font entrer les pouvoirs de la Troïka dans le droit européen.


Les missions de le Troïka sont ces délégations d’experts de la Commission, du FMI et de la Banque Centrale Européenne qui s’assurent que les Etats en difficultés appliquent les politiques qui leurs sont demandées en échange d’une aide.

Sans revenir sur les conditions même de cette aide qui consiste le plus souvent à des prêts avec des taux d’intérêts plus élevés que ceux auxquels les Etats créditeurs empruntent -entrainant donc une plus value au passage-, il est important de revenir sur les buts et les conséquences de ces missions.

Elles s’inscrivent dans une politique de mise en place graduelle d’une supervision étroite des budgets des Etats européens. Le semestre européen qui ouvrait la possibilité de donner des recommandations et des orientations de politique économique avant l’adoption de budgets en fut la première étape. Elle fut suivie par le Six-Pack qui créé un cadre de supervisions et de sanctions. Le TSCG est venu renforcer l’édifice  en imposant aux Etats l’inscription d’une règle d’or dans leur cadre budgétaire limitant tout déficit structurel à 0,5%.

Passons sur la définition du  » déficit structurel  » qui n’est toujours pas arrêtée bien qu’inscrit dans un Traité et désormais dans la Constitution de plusieurs Etats-membres. Le 2-Pack vient quant à lui clore cette construction avec deux textes législatifs:

 -          un premier règlement permettant à la Commission de surveiller tout au long de l’année les budgets des Etats: le « Règlement établissant des dispositions communes pour le suivi et l’évaluation des projets de plans budgétaires et pour la correction des déficits excessifs dans les États membres de la zone euro », le rapport Ferreira.

 -          un second règlement permettant à la Commission de superviser les budgets et de donner des orientations qui devront être suivies par les Parlements nationaux: le « Règlement relatif au renforcement de la surveillance économique et budgétaire des États membres connaissant ou risquant de connaître de sérieuses difficultés du point de vue de leur stabilité financière au sein de la zone euro », le rapport Gauzès.     

Pour résumer: le TSCG demande aux Etats membres de la zone Euro de s’astreindre eux-mêmes à l’autodiscipline, ces deux règlements permettent de s’assurer au niveau européen que c’est bien le cas.

Bien que complémentaires du nouveau Traité sur l’austérité, ces deux textes, ont été adoptés à une large majorité grâce au soutien des verts et des socialistes. Ces deux groupes mettront en avant que le Parlement a obtenu les principes d’un contrôle plus démocratique sur les missions de la Troïka, que les investissements dits productifs pourront ne pas être comptabilisés comme de la dette, ou enfin qu’ils ont obtenu de la Commission une réflexion sur la faisabilité d’une mutualisation plus ou moins partielle de la dette des pays de la zone Euro.

Mais en accordant leurs soutient, ces groupes pourtant proches de nos combats, ont surtout donné une large majorité à ces deux textes adoptés à 528 et 526 voix sur les 751 députés que compte le Parlement européen. De fait le Parlement valide à une écrasante majorité les logiques de confiscation des souverainetés populaires qui sous- tendent ces textes.

Demander un contrôle démocratique plus grand des missions de la Troïka reste une validation du principe même de ces missions qui mettent sous tutelle les politiques économiques des Etats. Exiger que la Commission procède à une réflexion à contrecœur sur la mise en place des Eurobonds d’ici mars 2014 c’est préparer les prochaines élections européennes avec une annonce pour la mutualisation de la dette, pour s’assoir dessus une fois les élections passées.

En favorisant ces tactiques politiciennes les groupes qui ont soutenu ce rapport jouent un jeu dangereux semblable à celui qui se dessine sur le budget européen: jouer la confrontation pour ensuite laisser faire.

Ces textes ne peuvent être améliorés ou adoucis tout simplement car ils cherchent fondamentalement à tuer la dépense publique en l’enfermant dans des normes budgétaires strictes dont seule la Commission aurait les clefs.

Pour cette raison je me suis opposé depuis le début à ces textes et je regrette que les autres groupes politiques n’aient pas su en faire de même pour bloquer ces logiques irrespectueuses des souverainetés des peuples européens.

 

http://patricklehyaric.net/2013/03/13/une-decision-grave-au-parlement-europeen/


Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 03:04

 

http://gillesjohnson.wordpress.com/2012/03/28/cheminade-cet-ovni-politique/

 

 

Bonjour,

Je ne sais pas si vous avez appris que l'État vient de saisir l'essentiel du remboursement de Jacques Cheminade pour la campagne présidentielle. C'est une atteinte aux principes d’égalité républicaine et de pluralité démocratique qui régissent les lois électorales, et constitue une tentative d’assassinat financier contre un dissident politique et son parti.

Voici la vidéo de 2 minutes exposant le cas.
> https://www.youtube.com/watch?v=tG7DanUZHcg

La vidéo renvoi sur la pétition sur change.org demandant au ministère de la justice, garant du bon déroulement des élections, d'annuler la saisie.


> https://www.change.org/fr/p%C3%A9titions/manuelvalls-place-beauvau-annulez-la-saisie-du-remboursement-pr%C3%A9sidentiel-de-cheminade


Seriez-vous en capacité de relayer cette information car cela est très grave et représente une faute déterminante si le gouvernement laisse faire.

Salutations.

 

 

Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 02:42

 

Mardi 12 mars 2013

 

Dette et pays pauvresLes représentants de la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne) continuent à faire pression sur le gouvernement hellénique afin qu’il respecte les engagements qu’il avait pris de supprimer quelque 25.000 postes du secteur public d’ici la fin de l’année. En effet, les milieux financiers européens ont promis une nouvelle « aide » de 130 milliards d’euros à la Grèce et l’allègement de sa dette en échange du licenciement de fonctionnaires en deux vagues successives : 12.500 d’ici juin et 12.500 autres d’ici la fin de l’année. En tout, c’est un total de 150.000 fonctionnaires qui devraient avoir été licenciés d’ici 2015. Mais aucun des trois partis de la coalition gouvernementale (Nouvelle Démocratie du Premier ministre Antónis Samarás, le PASOK du socialiste Evángelos Venizélos et la Gauche démocrate de Fótis Kouvélis) ne veut prendre la responsabilité de se montrer trop conciliant vis-à-vis des exigences de la troïka, de peur d’avoir à en pâtir lors des prochaines échéances électorales. C’est ainsi que le gouvernement tente d’un côté de trouver la solution pour liquider ces emplois publics sans en avoir l’air et de l’autre, les représentants de ces mêmes partis répètent à l’envi, comme l’a fait récemment le Premier ministre grec, que le peuple grec n’est plus en mesure de supporter d’autres sacrifices. Pourtant, les milieux financiers ne s’arrêtent pas au saccage des services publics : ils exigent aussi une réduction de 22 % du salaire minimum dans le privé, la diminution des épargnes retraite de 15 % et la réduction des indemnités de licenciement à trois mois de salaires contre six actuellement. Mais les organismes qui fournissent les prêts à la Grèce ne s’arrêtent pas là : ils lui enjoignent également d’annuler les emplois à durée indéterminée dans les entreprises publiques. Difficile dans ces conditions de porter crédit aux annonces faites par les partis de la coalition au pouvoir.

 

Pendant ce temps, des mouvements sociaux éclatent à travers tout le pays. Tous les musées et les sites archéologiques de la Grèce – l’Acropole incluse – sont restés fermés vendredi. Les employés du ministère de la culture étaient en grève en signe de protestation contre la grève de salaires et les licenciements.    

 

La veille, c’était au tour des étudiants de descendre dans la rue contre Athina, un plan gouvernemental qui vise à restructurer profondément les universités en fusionnant ou en fermant purement et simplement plusieurs départements universitaires. Le plan, dont le but est de ramener à 384 le nombre de facultés (contre 534 aujourd’hui), prévoit aussi de réduire de 4 % le nombre d’étudiants admis dans l’enseignement supérieur l’an prochain. Appliqué à une population qui n’a jamais été autant exposée au chômage - avec 55,6 % des moins de 25 ans au chômage – il attise les craintes sur l’avenir de ce que la presse grecque a appelé la génération perdue, souvent condamnée à l’exil à l’étranger. Un projet de fusion de vingt-huit facultés a été reporté en 2018 de façon que les étudiants déjà inscrits puissent terminer leurs études sans avoir à être transférés dans un autre établissement. Mais pour accélérer la manœuvre et être certain de son issue, le plan Athina a été présenté au Parlement sous la forme d’un décret présidentiel. Comme l’a écrit Corinne Gobin du groupe de recherche sur les acteurs internationaux (GRAI), « en acceptant cette obligation d’obéir à une technocratie transnationale qui bafoue les droits les plus élémentaires des peuples, nos gouvernants ne sont-ils pas en train de s’engager vers une situation de haute trahison envers leur population ? ».  La réponse coule de source.

 

Capitaine Martin

Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 02:36

 

Le regard de Syriens sur une guerre orchestrée de l’étranger, réalisé par la journaliste russe Anastasia Popova + entretien vidéo

Publié le 12/03/2013
10354186eef8b847ab3d442567dacba4_screen_shot_2013_01_03_at_18.24.15

 

Un documentaire impressionnant – réalisé par la journaliste russe Anastasia Popova et son équipe de Rossiya 24 – sur le coût humain du conflit syrien et l’échelle de dévastation atteinte. Pas de politique, juste le regard de Syriens ordinaires qui font corps avec leur armée. [Attention : des actes de grande cruauté (plus de 16 ans)]

http://mediabenews.wordpress.com/2013/03/12/video-le-regard-de-syriens-sur-une-guerre-orchestree-par-letranger-par-par-la-journaliste-russe-anastasia-popova-et-son-equipe/

 

 

 


Entretien avec la journaliste Anastasia Popova par Silvia Cattori

popova1-300x300

La jeune et talentueuse journaliste russe Anastasia Popova nous était totalement inconnue avant la sortie de l’impressionnant film qu’elle a réalisé en Syrie durant 7 mois :

« The Syrian Diary » (*) ; un film honnête, sensible, rigoureux, donnant la parole à tous ces Syriens ordinaires qui se disent victimes des groupes armés, et qui contraste totalement avec ce que nous ont rapporté depuis le début du conflit nos reporters occidentaux engagés du côté des insurgés.

Ayant eu l’occasion de rencontrer Anstasia Popova à Genève, alors qu’elle présentait son témoignage en marge de la 22e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, et ayant appris que, suite à cette présentation, elle avait été invitée à s’exprimer devant la Commission d’enquête des Nations unies sur la situation en Syrie, nous lui avons demandé comment s’était déroulé cet entretien.

Silvia Cattori :La « Commission d’enquête sur la Syrie » vous a invitée à témoigner à l’ONU, à Genève le 7 mars. Comment s’est passée précisément cette entrevue ? Vous a-t-on accordé assez de temps pour dérouler votre argumentation ?

Anastasia Popova : Nous avons été invités [1] Anastasia Popova, Bahar Kimyongur, étaient initialement venus témoigner à (…) [Anastasia Popova, Bahar Kimyongur et Mère Agnès-Marie de la Croix –Ndt] à rencontrer les enquêteurs de la Commission d’enquête après notre présentation à l’ONU.

Après cela nous avons pu rencontrer le Président de cette commission M. Paulo Pinheiro, Mme Carla del Ponte, Mme Karen Koning Abu Zayd, et d’autres membres. Ils nous ont dit qu’ils avaient environ 20 minutes mais notre conversation a duré environ 50 minutes et a été à mon avis très positive. Chacun de nous a fait une courte déclaration.

Silvia Cattori :Avez-vous reçu une véritable écoute de la part de ces hauts représentants de la Commission d’enquête indépendante des Nations Unies sur la Syrie ? Ou aviez-vous le sentiment que cette entrevue pouvait n’être, eu égard des critiques que les allégations de cette commission ont soulevé, qu’un alibi permettant à la commission de prétendre avoir œuvré de façon neutre ?

Anastasia Popova : À ma grande surprise, la réunion s’est bien passée. Les commissaires ont essayé d’argumenter dans certains cas mais ils ont surtout écouté en prenant des notes. Ils ont demandé à chacun de nous de fournir toutes les informations dont nous disposions, y compris des vidéos, aussi rapidement que possible de sorte que certains des cas mentionnés puissent être inclus dans le rapport final. Ils ont proposé une future coopération, accepté de rencontrer les victimes et les témoins des crimes commis par les groupes armés pour rendre le rapport plus équilibré.

Silvia Cattori :Mais cette entrevue, qui intervient alors que le rapport de la commission est déjà établi, avait-elle encore un sens ? Dans ses entrevues avec la presse Mme Carla del Ponte incrimine au premier chef les forces du gouvernement et non pas les groupes terroristes [2] « Dans notre rapport on a établi que les crimes du gouvernement sont (…) qui entrent par milliers en Syrie avec l’appui de la Turquie et autres puissances ?

Anastasia Popova : J’ai été surprise de recevoir une lettre de Carla del Ponte disant qu’elle avait regardé mon documentaire et qu’elle est intéressée par une coopération ultérieure. À mon avis, c’était une réunion très utile et j’espère voir bientôt des résultats positifs.

J’ai lu le rapport et j’ai fait un court résumé de tous les faits douteux sur la base de ce que j’ai vu moi-même et de ce que j’ai entendu des témoins et des victimes à l’intérieur de la Syrie. À mon avis le rapport est unilatéral [3] Voir : http://www.silviacattori.net/article4282.html Voir également : (…).

Très peu est dit sur les crimes commis par les groupes armés, et les choses qui figurent malgré tout dans le rapport sont censées se produire à une échelle très faible. Certaines des méthodes utilisées dans les combats sont décrites comme des tactiques de l’armée, alors qu’elles ne le sont pas.

Le gouvernement est accusé de certaines formes spécifiques de tortures alors que dans le clip vidéo que j’ai montré dans The Syrian Diary on peut clairement identifier le drapeau de l’opposition. [On y voit des hommes en uniforme, se faisant passer comme appartenant à l’armée régulière syrienne, en train de torturer des civils, mais qu’un détail trahit -Ndt].

Nombres d’informations rapportées dans ce rapport sont des mensonges éhontés. Certaines ont été obtenues à partir de sources non vérifiées qui utilisent le mot PEUT dans leurs témoignages mais les conclusions de la commission blâment le gouvernement en accordant pleine confiance à ces témoignages douteux !

À mon avis il est difficile de faire un rapport probant sur la base de 445 témoignages recueillis dans des camps de réfugiés en dehors de la Syrie alors qu’il y a 23 millions de personnes vivant en Syrie, y compris plus de 5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays.

Le manque d’accès au pays ne peut pas être utilisé comme un argument ; il y a différentes manières d’obtenir des informations en dehors des sources gouvernementales ; par exemple les enquêteurs pourraient utiliser du matériel fourni par des journalistes ; ou ils pourraient rencontrer des victimes hors de Syrie, par exemple au Liban.

Silvia Cattori : En effet, votre documentaire « The Syrian Diary », diffusé par Rossiya 24, donne la parole aux Syriens de toutes origines qui eux vivent l’arrivée des groupes armés dans leur quartiers dans l’effroi. Il contraste singulièrement avec ce qui est rapporté dans les reportages des journalistes qui se font embarquer dans les fourgons des « opposants » armés.

Avez-vous le sentiment qu’en tant que journaliste russe, vous êtes frappée d’une sorte d’ostracisme en Occident raison pour laquelle, votre témoignage aussi honnête et remarquable soit-il, les médias chez nous le censurent ? Cela d’autant que votre pays avec la Chine a mis le véto à l’ingérence étrangère en Syrie ?

Anastasia Popova : En ce qui concerne le documentaire « The Syrian Diary », je pense que les gens vivent encore sous le stéréotype selon lequel les médias occidentaux sont les meilleurs, que c’est là qu’il y a la liberté d’expression et le respect des téléspectateurs ; et que des icônes de l’information comme la BBC ou CNN ne peuvent pas leur fournir des informations non vérifiées.

Il leur est difficile de reconnaitre qu’aujourd’hui des nouvelles sont FABRIQUÉES par ces mêmes journalistes qui étaient autrefois objectifs. La différence est que maintenant ils sont devenus un instrument qui forme les opinions en créant des histoires capable d’orienter les téléspectateurs.

On peut ajouter un soutien Internet massif et coordonné aux histoires présentées. Les autres informations non désirées sont supprimées ou demeurent invisibles dans le tsunami de celles qui sont fournies.

Le système médiatique en Russie n’est pas aussi développé qu’en Occident ; il n’est pas instrumentalisé de cette façon et nous pouvons de ce fait avoir la liberté de présenter différents points de vue. Par exemple en ce qui concerne la Syrie, nous avons des comptes rendu et des avis qui sont complètement à l’opposé de ce qui est dit par les uns et les autres.

De sorte que les gens peuvent penser, analyser et se former leur propre opinion. J’ai souvent entendu dire qu’il y a un énorme manque d’information « alternative » [qui puisse s’exprimer dans les médias traditionnels -Ndt] en Europe, qu’elle n’est pas facile à trouver dans les médias. J’espère que ce documentaire [The Syrian Diary] montre au moins que l’information « alternative » existe, et qu’il faut juste continuer à la chercher.

Silvia Cattori : Je vous remercie.

PS : Ce lundi à l’ONU à Genève, à la réunion sur la Syrie, qui se déroulait en présence de la commission d’enquête, les représentants des Etats occidentaux ont loué le rapport de la commission et s’y sont abondamment référés dans leurs interventions. A méditer.

[1] Anastasia Popova, Bahar Kimyongur, étaient initialement venus témoigner à Genève à l’invitation de l’Institut International pour la Paix, la Justice et les Droits de l’Homme (IIPJHR) et du Collectif des Syriens de Suisse (CSS), dans le cadre de la Conférence qui s’est tenue à Genève le 28 février 2013, en marge de la 22e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU http://www.silviacattori.net/article4284.html. Suite à cela, la commission d’enquête de l’ONU, sans doute embarrassée par les critiques l’accusant de faire la part belle aux insurgés, leur a demandé de revenir à Genève, ainsi qu’à Mère Agnès, afin d’entendre leurs témoignages.

[2] « Dans notre rapport on a établi que les crimes du gouvernement sont majeurs » affirmait Mme Carla del Ponte sur radio France culture le 8 mars 2013

[3] Voir : http://www.silviacattori.net/article4282.html
Voir également : http://www.silviacattori.net/article4283.html

 

http://stationzebra.net/archives/16674

Partager cet article
Repost0
13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 02:29
Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 03:50

 

Guerre contre l’Iran : un scénario d’apocalypse que le monde appréhende

Publié le 05/03/2013

0


essai-dun-missile-sol-air-dans-le-dc3a9troit-dormuz-en-janvier-2012

 

Aujourd’hui, avec la crise économique mondiale, l’émergence de grands pôles économiques, le « Printemps arabe » et surtout les formidables avancées technologiques, le monde est en train de subir de profonds changements.


Netanyahou, Obama et Ahmadinadjad. Netanyahou, Obama et Ahmadinadjad.

Et une guerre que l’on annonce régulièrement contre l’Iran sans que l’on ne prenne en compte les risques qu’elle déborde et provoque un embrasement généralisé du Proche et Moyen-Orient, dont les conséquences seraient incalculables.

1. Les « mises en gardes » états-uniennes  et iraniennes, février 2013

Que pèserait l’Iran face à la première puissance du monde ? Il faut rappeler l’opération « Tempête du désert«  déclenché par les États-Unis (à la tête d’une coalition de 39 pays), en janvier 1991 après que l’Irak eut envahi le Koweït, le 2 août 1990. Des bombardements massifs sur les villes irakiennes, effectuées par des avions venus de la base américaine de Diego Garcia (Océan indien), de l’Espagne et de Grande-Bretagne et des 6 groupes aéronavals. Un total de 1350 avions de combat (et 1500 hélicoptères) contre 240 avions irakiens. Une coalition de 938 545 hommes contre 530 000 irakiens. En 43 jours, le territoire irakien a reçu autant de bombes que l’Allemagne reçut pendant toute la Seconde Guerre mondiale : 88 500 tonnes sont larguées lors de 110 000 sorties aériennes. Soit 2558 sorties par jour. La deuxième guerre du Golfe qui a chassé les troupes irakiennes du Koweït, et laissé une région en ruine, ravagée par des marées noires et des puits de pétrole en feu. Environ 100 000 entre morts et blessés en Irak en deux mois, et des pertes civiles estimées entre 50 000 et 130 000 morts dont plus de 30 000 dans l’insurrection qui a suivi en 1991.

L’Iran sait qu’il n’a aucune chance avec la puissance de feu de la superpuissance américaine. Il sait ce qu’il en a coûté à l’Irak et à son armée, présentée comme la « quatrième armées du monde » (après les États-Unis, la Russie et la Chine). Alors qu’en réalité, ce pays n’est qu’une puissance moyenne du tiers-monde. Dans une « guerre conventionnelle avec les États-Unis », l’Iran, comme l’Irak au début de la guerre en 1991, ne peut qu’essuyer des ravages en pertes humaines et en infrastructure militaires et civiles. Pourtant, ce qui est surprenant, l’Iran n’a pas faibli dans son défi à l’Occident. Malgré la disproportion des forces armées avec les États-Unis, il est resté ferme dans sa position sur le problème nucléaire. Aux menaces israéliennes, il répondait par une rhétorique de guerre. Maintes fois, il a annoncé des représailles extrêmement dures contre Israël. Dès lors, on ne peut penser que les responsables iraniens bravent la superpuissance vu la disproportion manifeste des potentiels de guerre sans qu’ils n’aient des « cartes maîtresses« , donc une « puissance de dissuasion » qui n’a pas été mise sur la « table« , ce qui explique pourquoi les puissances occidentales dont les États-Unis ont attendu si longtemps pour déclencher une guerre contre l’Iran.

Au début de février 2013, le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a réitéré la position de l’Iran sur le nucléaire. Il a opposé une fin de non-recevoir à l’offre américaine de négociations directes dans le dossier nucléaire, dénonçant la stratégie de Washington qui mêle sanctions et offre de dialogue. Il l’a clairement exprimé. « Cette déclaration du numéro un iranien intervient au lendemain de la confirmation par les États-Unis de nouvelles sanctions économiques contre l’Iran, quelques jours seulement après une « offre sérieuse » du vice-président américain Joe Biden à Téhéran sur des négociations directes dans le cadre du groupe 5+1 (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne). « Vous pointez une arme sur l’Iran en disant +négociez ou nous tirons+. Mais faire pression et négocier n’est pas cohérent et la nation ne se laissera pas intimider », a lancé à l’adresse des États-Unis le Guide, lors d’un discours à Téhéran dont le texte a été publié sur son site internet (www.leader.ir). « L’Iran n’acceptera pas de négocier avec celui qui nous menace par des pressions », a-t-il affirmé, estimant qu’une « offre de dialogue n’a de sens que quand l’autre partie montre de la bonne volonté ». Il y a à la fois un bras de fer et un rapport de forces dans cette opposition Iran-Occident. En d’autres termes Ali Khamenei « pense très bien la partie de guerre qui s’annonce avec les États-Unis au cas où elle aura lieu ».

Il en va de même pour le président Mahmoud Ahmadinejad qui a affirmé récemment que la République islamique d’Iran est devenue une puissance nucléaire. « Nos ennemis ont en vain déployé tous leurs efforts afin d’empêcher l’Iran d’acquérir la technologie nucléaire. L’Iran est devenu une puissance nucléaire et ceci est irréversible ». « Au sujet du Nucléaire, il n’y a pas de trente-six solutions. Il n’y en a qu’une, c’est la coopération au lieu la confrontation.«  (french.irib.ir)

2. La dissuasion nucléaire iranienne

Qu’en est-il réellement des « cartes maîtresses iraniennes » et de la guerre si elle venait à survenir ?  Le problème qui se pose n’est pas que la guerre se déclenche en 2013, ou à une date ultérieure (2014 ou 2015…), mais qu’il réside essentiellement dans l’« évolution de la guerre » ? C’est-à-dire qui aura le dernier mot, les États-Unis ou l’Iran ? Si une guerre est déclenchée par Israël ou/et par les Etats-Unis, l’effet de surprise de changer une guerre conventionnelle – en défaveur de l’Iran – en guerre nucléaire peut changer entièrement le cours de la guerre. Le régime iranien a à maintes fois mis en garde Israël et les Etats-Unis contre toute agression, ce qui dénote des capacités nucléaires de l’Iran en termes de vecteurs et d’ogives nucléaires. Que ce qui n’était que présomption va s’avérer fondé par la « force des événements« .

Pour au moins deux raisons, d’abord l’insistance de la menace occidentale depuis au moins une décennie (depuis 2003), ce qui a donné toute latitude au complexe militaro-industriel iranien de se préparer à un conflit majeur, deuxièmement, dotée d’un armement nucléaire quantitativement limité, mais d’une stratégie telle que l’Iran, en menaçant ainsi tout agresseur éventuel d’une sanction exorbitante par rapport à l’enjeu, est assuré de l’emporter. Le vieux « concept de dissuasion de faible au fort » s’appliquerait ici avec toute pertinence. Comparativement à la puissance américaine, il n’y a que le l’ »arme nucléaire« , correctement servie par des missiles raisonnablement efficaces, pour faire reculer l’agresseur et apporter une sécurité au régime et au pays.

Précisément, en cas de blocage des négociations sur l’enrichissement nucléaire par l’Iran – le dialogue ne peut s’éterniser indéfiniment –, tôt ou tard va venir l’heure de vérité. Et probablement la guerre va se jouer dans les premières semaines, en cas de déclenchement d’un conflit armé, et ce quel que soit le prétexte invoqué. Il faut encore rappeler que l’Iran n’a agressé aucun pays, les seuls griefs que l’Occident lui reproche est le soutien à un pays allié (Syrie) en pleine guerre civile avec intrusion d’étrangers ou au Hezbollah comme le font ailleurs les Américains avec Israël, la Corée du Sud, le Japon, Taiwan… ou de poursuivre un programme d’enrichissement de l’uranium.

De plus « installer des centrales nucléaires en produisant le combustible nécessaire, ce que l’Iran qualifie comme un droit naturel et inaliénable du peuple iranien », est, dans un sens, légitime. « Pourquoi de nombreux pays en dehors des cinq grandes puissances du Conseil de sécurité ont le droit d’enrichir l’uranium pour leurs centrales ou de procéder à des applications à caractère pacifique et non l’Iran ou à tout autre pays musulman. Ou parce qu’ils sont musulmans ? » Le Pakistan est bien une puissance nucléaire. Et l’Iran a signé très tôt le TNP (Traité de non-prolifération nucléaire), et s’il a poursuivi un programme militaire, c’est certainement pour se prémunir d’une agression déjà « annoncée » depuis l’avènement de la République islamiste.

3. Une guerre contre l’Iran qui ne durerait que quelques jours ?

La guerre déclenchée, il est clair que l’Iran, malgré sa riposte sur des cibles ennemies, ne peut attendre que le rouleau-compresseur de la puissance de feu américaine déferlée sur ses installations militaires et civiles les réduise à néant. L’Iran est contre les armes nucléaires, qu’il a maintes fois dénoncées comme contraires aux valeurs de l’Islam. Ce qui est vrai, la traduction même du mot de l’Islam est « Paix », mais « Paix » ne signifie pas pour autant « se laisser détruire« . La seule solution qui se pose à l’Iran est alors d’équilibrer ses « moyens de puissance » avec ceux des États-Unis. Ce qui est licite dans l’Islam, et ce quel que soit le moyen utilisé.

Ainsi, par ce programme secret, l’Iran, en tant que « puissance non-nucléaire » et en cas d’agression par une « grande puissance nucléaire », peut se transformer rapidement en « puissance nucléaire déclarée » pour équilibrer le rapport des forces. Ce cas est intéressant à formuler puisque Israël lui-même est aujourd’hui qualifié de « puissance nucléaire non déclarée« . C’est-à-dire qu’il a un arsenal de missiles à tête nucléaire, et, en cas de guerre globale avec le monde arabo-musulman, Israël sera prêt à lancer le feu nucléaire sur des villes et regroupements importants militaires des pays arabo-musulmans. Ainsi Israël s’immunise, en cas de perte du parapluie militaire américain, d’une guerre globale avec le monde musulman. L’arsenal nucléaire israélien joue un rôle de « dissuasion à la guerre ». Précisément, l’Iran, de la même façon, raisonne. C’est ainsi que, « acculé par la guerre déclenchée par l’Occident », il procèdera probablement dans les premières semaines qui suivent le conflit à des « essais nucléaires en cascades » comme un « avertissement » à la superpuissance. L’Iran va alors se dévoiler comme une « puissance nucléaire attestée ». On peut même dire que ses Shahabs 2, 3B de portée respectivement 500 et 2000 km, armés d’ogives nucléaires, sont déjà pointés sur Tel-Aviv, Ryad, Doha, Koweït-city, et sur le Bahreïn où se trouvent le commandement américain, position avancée du CENTCOM en Floride, et bien d’autres ville-cibles. On comprend d’ailleurs pourquoi le président Bush mettait l’accent sur l’implantation d’un dispositif NMD (projet de défense missiles-anti-missiles) en Pologne, en Tchéquie… contre une attaque nucléaire par l’Iran.

Quelle sera alors la réaction des États-Unis face à la nouvelle situation ? Ne penseront-ils pas que les Iraniens « bluffent« . Et qu’ils ne sont encore qu’au stade des premiers essais nucléaires. C’est possible, et les bombardements américains vont probablement continuer. Mais si Moscou et Pékin en tant qu’alliés à l’Iran informent Washington du changement de l’équilibre des forces au Moyen-Orient et que la région du Proche et du Moyen-Orient court un réel danger de guerre nucléaire ? Ce n’est plus comme les analyses le font penser, un embrasement qui pourrait durer des mois voire des années, mais une apocalypse qui surgira en quelques jours. Ce qui est complètement différent. Les responsables iraniens qui voient leur pays attaqué, agressé par les Américains et leurs alliés qui procèdent à des destructions massives de leurs infrastructures, entraînant des milliers de morts vu la disproportion des forces en faveur des forces adverses, n’auront alors plus d’alternative. Mentionnons la déclaration de l’ex-président d’Iran, Hachemi Rafsandjani, le 14 décembre 2001, lors d’un sermon à l’université de Téhéran : « L’emploi d’une seule arme nucléaire contre Israël détruirait tout, mais, contre le monde islamique, ne causerait que des dommages limités ». Ce qui suggère que l’emploi de l’arme nucléaire pourrait être concevable contre Israël en tant que puissance ennemie.

4. Une guerre qui peut déboucher sur plusieurs Hiroshima, plusieurs Nakasaki

Les États-Unis continueront-ils leurs bombardements massifs sur l’Iran encore longtemps, en laissant espérer que les missiles patriots protègeraient Tel-Aviv, Ryad, Doha… de l’apocalypse venant des Shahabs 3B et E, vecteurs porteurs d’ogives nucléaires ? Vont-ils jouer à « la roulette russe sur l’existence des autres peuples » ? Les responsables iraniens ont déjà assimilé le « prix qu’ils auront à payer«  s’ils déclenchent une guerre nucléaire dans la région, ce sera la « destruction de Téhéran, d’Ispahan, et d’autres villes iraniennes« . Adeptes du martyr et profonds croyants, les Iraniens estimeront que ce sera un sacrifice venant de Dieu.

Qu’en sera-t-il des villes israéliennes, Tel-Aviv, Haïfa, dont 40% de la population d’Israël sont concentrés dans ces villes ? La panique, l’exode. Qu’en sera-t-il des populations arabes à Ryad, la capitale saoudienne, à Doha, la capitale du Qatar, et ailleurs ? Une panique générale sera étendue à l’ensemble de ces pays et du monde ! Le monde entier sera tenu en haleine. Les médias occidentaux qui appelaient dans un certain sens à la guerre se verraient à changer leur « une » en appelant à la fin immédiate des hostilités.

Le peuple américain acceptera-il l’ »aventurisme » de l’establishment américain ? Des millions de morts en Israël, en Arabie Saoudite, au Qatar, en Iran ? Une disparition totale des villes-capitales et des villes de provinces comme si elles n’avaient jamais existé. Cette « guerre apocalyptique non encore déclarée » des premières semaines de guerre car il y va de plusieurs millions de vies humaines vient à point nommé confirmer les rumeurs de grands généraux de l’armée américaine, comme l’amiral William Fallon, alors chef du CENTCOM (2007-2008), qui a démissionné parce qu’il a refusé de cautionner la politique de Bush d’étendre la guerre à l’Iran, de l’amiral Michael Mullen, ex-chef d’état-major interarmées des États-Unis (le plus haut gradé de l’armée US à l’époque) qui est parti en retraite et qui, à maintes reprises, a affirmé qu’une guerre contre l’Iran, c’est l’ « inconnu », pour ainsi dire le « noir« . En 2010, il s’est opposé à un raid israélien sur les installations nucléaires iraniennes. Et d’autres prestigieux généraux parmi lesquels le général Stanley A. McChrystal (il a quitté l’armée et travaille comme civil dans la firme Siemens) qui a compris en Afghanistan que ce n’est pas la guerre qui apportera une solution mais en respectant les peuples, en tentant de convaincre les peuples que l’Amérique est là pour les aider. Ce qui n’est pas le cas malheureusement. L’Amérique cherche à dominer et non à aider les peuples. Mais cette domination risque de déboucher sur plusieurs Hiroshima, plusieurs Nakasaki.

5. Conséquences de la guerre : la remise en question du « club des Cinq » et la reconnaissance des droits du peuple palestinien

Dans toutes les armées du monde, ce sont toujours les chefs militaires qui apprécient les théâtres de guerre et non les politiques. C’est ainsi que la pression des politiques l’ayant emporté malgré l’éclairage des chefs militaires, une guerre est déclenchée contre l’Iran et le « monde entier aura tremblé ». C’est ce qu’il faut attendre lorsque les « politiques se mêlent de la guerre« . Quelle serait la réaction de la Russie et de la Chine si les « politiques américains » seraient poussés à provoquer l’ »apocalypse«  ? Une alerte mondiale ou pire, des « menaces«  viendraient s’ajouter aux menaces ?

Le monde entier, surtout Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar, attendront dans la peur l’issue de la guerre. Ils espèreront que l’Amérique arrête la guerre contre l’Iran. Et surtout que gagneraient-ils les États-Unis dans une apocalypse au Proche et au Moyen-Orient ? Une partie de leurs alliés disparaîtraient de la terre ! Et le monde ne serait plus comme avant. Précisément, la balle est dans le camp américain. Le Congrès américain mettra-t-il fin à la guerre ? Les lobbys juifs – l’American Israël Public Affairs Comittee, (AIPAC) et la puissante Republican Jewish Coalition, son équivalent démocrate, le NJDC – et les puissants banquiers de Wall Street intercèderont-ils auprès des décideurs américains pour mettre fin à la guerre ? Où y aura-t-il un événement qui poussera à l’apocalypse le Proche et Moyen-Orient ?

Ceci nous amène à dire que, quelle que soit l’issue de la guerre contre l’Iran (si elle venait à être déclenchée), le monde ne pourrait plus être comme avant. Le danger nucléaire porté au paroxysme sur la région proche et moyen-orientale obligera les grandes et les puissances moyennes de tenir un nouveau discours sur la sécurité du monde. Ce qui veut dire que le club nucléaire des « Cinq » ne serait désormais plus fiable pour la sécurité du monde. Il faudra non seulement revoir les règles et la composition de cette structure mondiale, mais aussi instaurer à tout membre doté du droit de veto des limites de disposer unilatéralement de sa puissance militaire contre une puissance non nucléaire.

De même, il faut s’attendre à une avancée majeure dans le problème israélo-palestinien. Ni le complexe de Dimona, ni le parapluie militaire américain ne pouvant le protéger d’une guerre nucléaire, Israël, face à la crainte d’un nouvel holocauste, sera amené à rechercher pour la première fois les voies d’une paix réelle avec la reconnaissance des droits du peuple palestinien conformes aux résolutions onusiennes.

6. La guerre n’est pas une fatalité

Il faut souligner que l’armement nucléaire n’est pas venu ex nihilo. Depuis son avènement en 1945, et son expérimentation avec toute son horreur sur deux villes japonaises, Hiroshima et Nagasaki, qui, sans cet holocauste, la guerre contre le Japon aurait probablement duré plusieurs années et occasionné des pertes considérables aux forces américaines, toutes les puissances qui sont devenues par la suite des « puissances nucléaires«  l’ont été par la « force des choses« . A commencer par l’URSS et la Chine avec les États-Unis, devenues des puissances nucléaires pour se faire mutuellement contrepoids. L’Angleterre et la France, après l’ultimatum de l’URSS en 1956 (retrait de Suez), sont devenues aussi des puissances nucléaires. L’Inde est devenue une puissance nucléaire face à la Chine, en 1998. Quelques jours après, c’est au tour du Pakistan face à l’Inde. Israël et son complexe de Dimona, une puissance nucléaire non déclarée face au monde arabo-musulman. La Corée du Nord, en 2006, une puissance déclarée face à la Corée du Sud et son grand allié, les États-Unis. Aujourd’hui encore, l’Iran, une puissance nucléaire non déclarée face à Israël et les États-Unis. L’Iran a déjà annoncé la maîtrise complète du cycle nucléaire. Il deviendra probablement une « puissance déclarée«  par la « force des choses« . Tous ces pays ont été poussés pour une raison ou une autre à s’armer de moyens nucléaires. Et l’Iran ne fera pas exception tant que l’embargo et les menaces de bombardements et d’invasion pèsent sur lui. Les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Si la Corée du nord est aujourd’hui une puissance nucléaire, cela ne veut pas dire que la Corée du Sud ne peut pas l’être, et le Japon non plus. Simplement, ces pays, malgré les litiges qui se posent dans leurs aires respectives, n’y sont pas poussés, estimant l’« arme nucléaire non-utile » pour vivre pacifiquement avec leurs voisins. Donc, chaque pays a une histoire et l’armement nucléaire est lié à cette histoire.

C’est dans cette vision de l’Histoire que cette étude se conclut en espérant que le monde prenne conscience des dangers qui guettent les régions du Proche et du Moyen-Orient, et des souffrances qu’auront encore à vivre les trois peuples de religions monothéistes (musulman, chrétien et juif). Une nouvelle guerre au Moyen-Orient qui se profile risquerait d’avoir des retentissements apocalyptiques sur cette région et, par ricochet, sur l’ensemble du monde. Une guerre asymétrique, conventionnelle ou nucléaire n’est pas une fatalité, elle n’est que ce qu’en font les hommes, et surtout les puissances. Un « renouveau » pointera peut-être pour les peuples des trois religions monothéistes qui comprendront que l’arme nucléaire, par la crainte qu’elle suscite, doit au contraire « rassembler » au lieu de « diviser« . Que les richesses pétrolières du monde arabo-musulman et technologiques du monde chrétien et juif sont au contraire « complémentaires« . Telle sera peut-être la finalité dans les frictions qui opposent aujourd’hui l’Occident au monde musulman.

 

Medjdoub Hamed, chercheur

 

http://mediabenews.wordpress.com/2013/03/05/guerre-contre-liran-un-scenario-dapocalypse-que-le-monde-apprehende/

Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 03:36
Jour de deuil pour les démocraties Européennes : Feu vert au two packs
WikiStrike

dimanche 10 mars 2013, par Comité Valmy


Jeudi 7 mars 2013
Ce soir est un jour de deuil pour tous les démocrates ou ceux qui croient encore à la démocratie .


Il vient de se passer quelque chose de très important qui n’est rien d’autre que l’enterrement dans la plus stricte intimité de nos principes démocratiques , ce qui a fait notre force , notre richesse , notre puissance ..

Ce soir , l’Union Européenne a donné son feu vert au two Packs !!


Qu’est-ce qui se cache derrière ce jargon technique, cet anglicisme auxquels personne ne comprend rien.


Le two packs : Un paquet législatif qui renforce les pouvoirs de la Commission Européenne en matière de contrôle sur les budgets nationaux .


En Français , çà veut dire quoi ? Ca veut simplement dire que les lois votées au Parlement sont susceptibles d’être retoquées par l’Union Européenne , si elles ne lui plaisent pas . Ou même , que si ces lois sont contraires à ce que pense l’Union Européenne , on peut imposer le contraire en termes budgétaires . L’article précise : Cette décision prise à l’unanimité , n’est guère surprenante après l’accord politique trouvé fin Février entre le Parlement Européen et la présidence Irlandaise de l’UE .

Cet accord m’a tellement fait sursauter , car il s’agit d’une transgression totale des traités votés et en particulier celui de Lisbonne et son article 123 qu’il m’a conduit à écrire un article intitulé :
Six milliards c’est facile Monsieur Cahuzac, Petits arrangements entre amis ..

La décision à l’unanimité des Ministres des Finances prise aujourd’hui, décision qui avalise l’invraisemblable abus de pouvoir et transgression commise par Mario Draghi, Président de la BCE dans le cadre de l’accord Irlandais , vient de signer le deuil de tous nos principes démocratiques ..

La différence entre un régime totalitaire et une démocratie vient d’une notion essentielle : la séparation des pouvoirs : législatif (le vote des lois) , l’exécutif (leur mise en application) , le judiciaire (l’indépendance de la justice) .

C’est cette séparation et elle seule qui permet de combattre la corruption , en particulier politique , qui permet de faire que des lois votées soient votées dans le sens de l’intérêt général et non pas d’intérêts privés ou catégoriels .. et qui permet de faire que l’exécutif se trouve obligé d’appliquer des lois qui ont été votées indépendamment de lui ..

A partir du moment ou ces pouvoirs se trouvent concentrés dans une même main , il devient très facile à l’exécutif d’infléchir sur les votes parlementaires .. ou de refuser de les appliquer (ce qui s’est passé dans le cas de l’accord entre la BCE et l’IRLANDE .. ). Et si la justice n’est plus indépendante , tout est permis aux détenteurs de ces pouvoirs , puisqu’il n’y a plus aucun contre pouvoir !!!

En signant cet accord avec l’Irlande , Mario Draghi a simplement refusé d’appliquer un article du Traité de Lisbonne , l’article 123 , qui lui interdisait à la BCE de prêter directement aux Etats .

Il a démontré que la BCE , Institution Européenne était au dessus des lois votées , qu’il n’en avait cure et ne se sentait en aucun cas obligé de les appliquer . Il a démontré que les petits arrangements entre amis s’étaient substitués aux votes démocratiques, puisque cette solution pourrait très bien être applicable à l’Espagne ou à la France , mais que curieusement , il ne veut pas la leur voir appliquer .. A l’inverse même , la Commission Européenne vient de réclamer encore plus d’austérité pour le peuple Espagnol .

Ce prêt fait à l’Etat Irlandais a non seulement allégé la dette de l’Etat, mais a également allégé son déficit budgétaire , sans aucune austérité supplémentaire pour la population Irlandaise , puisque le prêt consenti illégalement par la BCE est bien inférieur aux conditions du sacro saint marché .

D’ailleurs les Irlandais ont bien compris et ils viennent de redemander un petit rabiot :
Les Irlandais , rois de la roulette Irlandaise ..

Par contre , je ne sais pas quelle dent Monsieur Draghi et l’Union Européenne ont contre les Espagnols ,mais là , point de gentillesse, point de traitement de faveur .. il faut au contraire les tondre encore plus pour qu’ils deviennent enfin dociles !!! ...

"Bruxelles demande à l’Espagne d’augmenter les impôts et de retarder l’âge de la retraite" ..

On peut se demander au titre de quelle logique et de quelle cohérence , Bruxelles ne demande rien aux Irlandais qui, il faut le rappeler, ont le plus bas taux d’imposition sur les sociétés en Europe , mais leur consent un prêt interdit par les statuts des traités, et réclame aux Espagnols beaucoup moins gâtés que les Irlandais en termes de fiscalité , une austérité supplémentaire ..

J’ai une vague idée de la réponse : L’Espagne pourrait avoir des richesses cachées que l’Irlande ne possède pas , et qu’il serait utile de voir privatisées avant qu’elles ne soient découvertes . Il faut donc les écraser totalement pour les rendre dociles et résignés . Mais sans même préjuger du pourquoi , on peut juste s’arrêter au comment ...

Quelle est cette Europe qu’on veut nous imposer, dans laquelle les élus n’ont plus aucune utilité ? qui fait tout à la tête du client , grâce à des petits arrangements entre amis , totalement exclus de tout débat public ..

Là par contre j’ai une réponse et elle n’est pas aimable : si les petits arrangements entre amis , la tête du client se substituent aux lois votées démocratiquement , cela s’appelle une Dictature, ou plus exactement une république bananière .

La justice s’est d’ailleurs inscrite aux abonnés absents comme le montre désormais tous les jours l’absence totale de poursuites et d’enquêtes , sans parler de condamnations, sanctions ou réparations des préjudices , du fait des différents scandales financiers qui émaillent notre quotidien .

Du blanchiement d’argent de HSBC, en passant par la fraude du Libor , qui aura couté à Dexia la bagatelle de 600 millions d’euros , le sauvetage de Dexia ayant été mis à la charge du contribuable français, il semblerait que la justice soit un concept qui appartienne définitivement au passé dès qu’on touche à l’un des amis des petits arrangements , les financiers ..

Jaimie Dimon , PDG de JP Morgan a même réussi à avouer publiquement la semaine dernière que l’intégralité des profits bancaires étaient issus de l’absence de réaction des politiques et avaient juste été pris sur le dos des contribuables .

Pire , on arrive même à les conserver comme conseils , alors qu’ils sont eux mêmes poursuivis par d’autres justices comme la justice américaine, au coeur même de nos institutions , comme juges et parties .. (Agence France Trésor) .
Le two packs est également ce qui permettra de faire passer la nouvelle Directive Européenne sur les Retraites, sans que quiconque ne puisse s’y opposer , ni au Sénat , ni à l’Assemblée :
Retraites on nous dit rien , on nous cache tout

La future Directive en question n’a comme objectif que d’étendre le terrain de jeu des financiers en leur laissant l’intégralité des régimes de retraites par capitalisation à disposition

Et l’année prochaine , Jamie Dimon, PDG de JP MORGAN, pourra avouer que l’absence de réaction des poitiques européens aura permis aux banques de faire leurs profits grâce aux retraités Européens .

Alors oui , aujourd’hui est un jour de deuil , le coup d’état a eu lieu .. Nos démocraties viennent de se faire enterrer dans le plus grand silence par nos propres Ministres .

Nous pouvons désormais faire de grosses économies sur les députés et le Sénat devenus totalement inutiles .. Les décisions seront prises et mises à exécution sans eux ..

Mais moi , j’ai juste le droit de pleurer .. de ce deuil insensé dont personne n’a encore pris vraiment conscience .

P.S. : Le cas Irlandais montre que le rapport de forces peut marcher . Le gouvernement Irlandais , loin d’être intimidé par un Mario Draghi et encore moins par les diktats de l’Union Européenne, a au contraire réussi ce que personne n’aurait supposé possible : lui faire transgresser les traités Européens .. Comme le disait JLM lors de la campagne présidentielle française, la France a un poids suffisant pour infléchir la politique de l’UE . Les Irlandais viennent de lui donner raison , mais il y a peu de chances que ce soit le "capitaine de pédalo " qui ait la force de caractère nécessaire pour faire ce que viennent de faire les Irlandais .

Ce soir , beaucoup de gens pleurent également une disparition : celle d’Hugo Chavez . Je pense que Chavez laissera plus de traces dans l’histoire que les technocrates Européens qui viennent d’assassiner nos démocraties .

Mise à jour du 7 Mars .
Un décryptage du two packs paru dans la Tribune le 20 Février dernier nous donne un bien curieux élément de compréhension : "Les recommandations de la Commission européenne ne seront pas contraignantes, mais les gouvernements qui n’en tiendront pas compte s’exposeront à des sanctions de Bruxelles.

Si la compréhension des textes Européens est à ce niveau , on comprend que cet assassinat démocratique ait lieu aussi facilement .

Caro pour WikiStrike


http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/afp-005047…
http://fipcarolinep.xooit.fr/t216-Six-Milliards-Monsieur-Cahuzac-c-est-faci…
http://www.wikistrike.com/article-six-milliards-monsieur-cahuzac-c-est-faci…
http://blogs.mediapart.fr/blog/jerlau/050313/les-irlandais-roi-de-la-roulet…
http://www.marianne.net/L-aveu-d-un-Bankster_a226950.html
http://www.melvineenaction.com/Europe/bruxelles-demande-a-l-espagne-d-augme…
http://fipcarolinep.xooit.fr/t7-RETRAITES-on-nous-dit-rien-on-nous-cache-to…
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20130220trib00…

Mise en ligne CV : 8 mars 2011

 

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3280

 

..

Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 03:29
Vers une crise de régime ?
Par Jacques Sapir

mardi 12 mars 2013, par Comité Valmy


Vers une crise de régime ?

Par Jacques Sapir

9 mars 2013

Les sondages indiquent un effondrement de la popularité du Président, mais aussi du Premier Ministre et des ministres du gouvernement. Moins d’un an après l’élection présidentielle, et les élections législatives, c’est un phénomène très rare de désaffection massive[1], qui conduit certains commentateurs à parler « d’enfer ». François Hollande se retrouve avec seulement 33% de réponses lui accordant leur confiance pour résoudre les problèmes du pays. Il est au plus bas d’un Président dans l’année suivant l’élection[2]. Jean-Marc Ayrault, avec pour sa part 30% d’opinions favorables, enregistre un record absolu. De manière significative, la chute des opinions favorables est la plus forte chez les ouvriers et les employés ainsi que chez les jeunes (avec 30%), et la plus faible chez les cadres. Notons enfin le faible nombre de réponses « ne se prononce pas » avec 5% de l’échantillon. Les résultats du sondage sont donc représentatifs de l’opinion des Français. Des résultats à peu près similaires avaient été obtenus dans un sondage IFOP-Paris Match réalisés quelques jours auparavant[3]. On dira que ce gouvernement et ce Président l’ont bien cherché. Rarement a-t-on vu en aussi peu de temps autant de promesses se transformer en leurs contraires. Rarement aussi aura-t-on vu s’établir, dans le cadre d’une supposée alternance politique, une telle continuité avec la politique du précédent gouvernement, politique qui avait été rejetée tant aux élections présidentielles que législatives du printemps dernier. Ceci explique sans doute la chute de François Hollande dans les sondages, chute à la hauteur des espérances qui s’étaient portées sur sa personne. À cela ajoutons un style de gouvernement quelque peu déroutant. Et l’on sait bien que « le style c’est l’homme » (ou la femme).


L’effondrement de la popularité du pouvoir et ses conséquences.

Le problème posé par cet effondrement de la cote de popularité tant du Président que du gouvernement est qu’à priori ceci ne devrait pas avoir de conséquences. Les prochaines échéances électorales sont en 2014. Et c’est l’un des raisons pour lesquelles le pouvoir fait actuellement le dos rond, espérant qu’une amélioration de la situation économique se produira entre la fin de cette année et le début de l’année prochaine. On a déjà, et à plusieurs reprises, expliqué pourquoi une telle hypothèse avait très peu de chance de se réaliser. La France s’enfoncera progressivement dans la récession, à moins qu’un effondrement de la consommation des ménages ne provoque un basculement de la récession vers la dépression, et une accélération brutale de la progression du chômage (Chômage, la marée noire qui nous menace). Les implications politiques de la trajectoire économique doivent donc être étudiées avec attention.

Au mieux, les élections prévues en 2014 se transformeront en un vote sanction qui sera d’autant plus massif que les enjeux électoraux sont limités. Car en matière d’élections, nous serons servis pour 2014. Tout d’abord nous aurons en mars 2014 des élections municipales, les élections cantonales et régionales devant être repoussées à 2015. Dans des élections municipales, le facteur « local » a traditionnellement une grande importance. C’est ce qui explique qu’à l’heure actuelle on ne prévoit pas de grands déplacements de voix[4]. Mais, ceci pourrait changer d’ici à élections. Dans le contexte probable qui dominera en France, il n’est pas impossible qu’elles puissent prendre l’allure d’un test national. Puis, en juin 2014, se tiendront les élections européennes. Ces élections prendront elles, naturellement, la dimension d’un test national. Mais, elles auront aussi des enjeux limités, compte tenu des faibles pouvoirs du Parlement européen. Il est donc probable que le message envoyé par les électeurs soit très clair, mais qu’il soit ignoré par le pouvoir et les états-majors politiques. On voit très bien qu’il n’est pas impossible que le Front National, ou l’un de ses avatars, se hisse à plus de 30% des suffrages dans une élection marquée par ailleurs par une faible participation. Ce serait un coup de tonnerre dans la vie politique française, mais un coup de tonnerre que les médias n’auraient de cesse de transformer en coup de cymbales. Tout sera mis en œuvre pour que les leçons d’un tel scrutin ne soient pas entendues, et nous continuerons, en brinquebalant, à aller jusqu’aux élections présidentielles de 2017. Tel est, fondamentalement, le scénario dans lequel François Hollande met ses espérances, comptant bien être réélu, en dépit de tout ce qu’il a fait et n’a pas fait, s’il devait affronter au deuxième tour Marine Le Pen. Ce pari est risqué ; bien de choses peuvent changer d’ici 2017. Cependant, convenons qu’il est tentable. Il est en tout cas dans la logique « mitterrandienne » qui inspire aujourd’hui François Hollande.

Mais une autre hypothèse, tout aussi et même plus probable, est aujourd’hui parfaitement possible. Elle représente le pire, du point de vue du pouvoir actuel, et ne doit pas être écartée à la légère. Si l’économie française connaît une chute brutale d’activité dans le cours de 2013, la perte de crédibilité du gouvernement et du Président se transformera en une perte de légitimité. Cette crise de légitimité pourrait survenir de la conjonction de trois mouvements dont on sent dès aujourd’hui la montée dans la société : une colère politique, une colère sociale, une colère issue d’un sentiment de la perte d’identité. C’est là l’hypothèse la plus sérieuse sur laquelle il convient de réfléchir, car la crise de légitimité implique une crise de régime.


Les trois colères

La colère politique est facile à prévoir. Elle s’enracine sur un mécontentement allant s’approfondissant et sur le fait que ce dernier ne peut, en théorie, trouver de solution d’ici 2017. Ce mécontentement est redoublé du fait qu’une partie des électeurs qui font partie du socle traditionnel de la gauche s’estime flouée par la politique actuelle du Président et du gouvernement. Ceci est visible dans les sondages récents où le recul de François Hollande est le plus important dans les catégories qui l’ont le plus soutenu : les ouvriers, employés, les professions intermédiaires et les jeunes. Une partie des responsables du Parti Socialiste s’en inquiète d’ailleurs. Cette déception pourrait, si elle s’enracinait d’ici les prochains mois, se transformer en un mouvement d’abstention massif lors des élections de mars 2014, modifiant ainsi brutalement les rapports de force. Mais, il convient immédiatement de dire que la droite traditionnel n’est pas une alternative, et qu’elle est encore très peu audible sur les préoccupations de cet électorat. Voilà qui incite à penser que cette colère politique pourrait s’exprimer hors du cadre électoral, ou s’incarner dans tout mouvement rejetant d’emblée les partis traditionnels.

La colère sociale est elle aussi facilement prévisible. Elle s’exprime à la fois dans la montée de la violence sur des sites qui sont devenus emblématiques de la crise (PSA-Aulnay, Continental-Amiens) et dans une désespérance très sensible dans des milliers de petits sites où, à une échelle plus réduite, se rejoue le même drame. L’échec relatif de la mobilisation syndicale contre le projet d’accord ANI entre le MEDEF et quelques syndicats minoritaires ne doit pas faire illusion. Il n’y a eu échec que parce que l’on a proposé à des gens en colère et désespérés des formes bien trop traditionnelles d’expression de leur colère et de leur désespérance. Cet échec est avant tout celui des formes classiques de mobilisation syndicale. Notons déjà que la conjonction de la colère politique et de la colère sociale est redoutable. Le potentiel d’une explosion massive ne fait donc que se renforcer, mais cette explosion suivra des voies différentes de celles qui ont été tracées par les syndicats. Seuls ceux qui sauront s’y adapter y survivront. Cette explosion sera, selon toute vraisemblance, violente. Elle confrontera directement les organes du maintien de l’ordre (Police et Gendarmerie) au choc frontal avec cette colère. Comme ces organismes sont eux aussi travaillés, pour des raisons générales mais aussi des raisons particulières, par un fort mécontentement, nul ne peut dire quelle sera l’issue de ce choc. Si le gouvernement met en œuvre une politique directement répressive, il risque d’aggraver dans des proportions considérables la fracture politique qui se dessine. S’il tergiverse, il peut être emporté par une succession de mouvements se renforçant l’un l’autre.

La colère issue du sentiment de perte de l’identité est un phénomène encore plus complexe à décrypter. Elle a, bien entendu, une dimension politique, qui s’enracine dans le déni de démocratie auquel on a assisté en 2005 lors du référendum sur le projet de constitution européenne. Les partisans du « non », largement victorieux, ont été dépossédés de leur victoire, une manœuvre à laquelle François Hollande a été connivent. Les Français ont eu, à ce moment, le sentiment d’être dépossédés de la démocratie, de leur démocratie. Les gouvernants et une partie de l’opposition ont cru que ce sentiment serait passager. C’était oublier le lien très profond, enraciné dans l’histoire, qui unit en France le peuple avec le principe de la démocratie (et non nécessairement ses formes). De là date une fracture symbolique[5]. Cette fracture s’est transformée en une facture qu’il faudra bien solder. Il n’est pas sans une certaine ironie que cette facture retombe sur François Hollande qui, en tant que dirigeant du Parti Socialiste, a beaucoup fait pour l’existence de cette fracture et de cette facture. Cette colère a aussi une dimension sociale, en ceci que le mouvement de désindustrialisation qui s’accélère aujourd’hui nous confronte à l’image d’une France qui n’est plus celle que nous connaissions, ou que nous pensions connaître : un pays fier de ses réalisations industrielles. Une partie importante de la population, qui excède de loin le nombre des simples ouvriers d’industrie, est très profondément attachée à cette image de la France. C’est ce qui explique le succès initial du Ministère du « Redressement Productif ». Mais la maîtrise du verbe ne masque qu’un instant les réalités. L’importance de ce sentiment de perte de l’identité, qui peut s’incarner passagèrement dans un rejet de « l’autre », tient en ce que s’articulant avec la colère politique et la colère sociale, il va provoquer provoquer une délégitimation massive du pouvoir.


Vers la guerre civile ?

La crise qui s’annonce va faire voler en éclats l’idée d’une « démocratie apaisée ». D’une part, cette expression est une contradiction dans les termes. Les intérêts qui divisent une société ne sont pas de ceux qui peuvent se régler dans le calme feutré des cénacles privés. Leur exposition au grand jour, qui est l’une des conditions nécessaires à l’existence d’une véritable démocratie, implique un degré d’affrontement qui rend illusoire toute idée d’apaisement. D’autre part, quand les conditions d’exercice de la démocratie sont à ce point fautives que des colères convergentes ne trouveront pas de formes institutionnelles d’expression, il est illusoire de chercher à s’abriter derrière l’idée d’une « démocratie apaisée ». Il faut d’ailleurs remarquer que, de ce point de vue, la France n’est nullement une exception. C’est à un phénomène du même ordre que l’on a assisté lors des récentes élections italiennes.

Dès lors, le pouvoir actuel a devant lui trois options. Il peut rester « droit dans ses bottes », et supporter la totalité du choc de ces trois colères. Il est possible qu’il y survive, mais au prix d’une répression qui le fera changer de nature et se transformer en Tyrannie. Il est aussi possible, et c’est l’hypothèse la plus probable, qu’il soit brisé par cet affrontement, ouvrant alors une période d’incertitudes politiques et institutionnelles comme la France n’en a pas connues depuis 1958. Il peut chercher à dévier la lame de fond qui monte, en organisant des élections anticipées, donnant ainsi une forme d’expression dans le cadre institutionnel actuel à ces trois colères. Mais, le système électoral français est ici mal adapté. Rien ne serait pire que l’élection d’un nouveau Parlement qui ne soit pas à l’unisson des sentiments de la majorité de la population. Il peut, enfin, chercher à anticiper sur ces événements et changer radicalement de politique, apaisant ainsi la colère sociale et la colère identitaire. C’est la voie de la logique et de la raison, chose dit-on la plus mal partagée au monde…


[1] Ici

[2] Nicolas Sarkozy était tombé à 38% d’opinions favorables en mars 2008.

[3] Ici

[4] Municipales : premier sondage avant le scrutin

[5] J. Sapir, La Fin de l’eurolibéralisme, Paris, Le Seuil, 2006.


Jacques Sapir
Ses travaux de chercheur se sont orientés dans trois dimensions, l’étude de l’économie russe et de la transition, l’analyse des crises financières et des recherches théoriques sur les institutions économiques et les interactions entre les comportements individuels. Il a poursuivi ses recherches à partir de 2000 sur les interactions entre les régimes de change, la structuration des systèmes financiers et les instabilités macroéconomiques. Depuis 2007 il s’est impliqué dans l’analyse de la crise financière actuelle, et en particulier dans la crise de la zone Euro.
More Posts

 

Mise en ligne CV : 11 mars 2013

 

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article3293

 

 


Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 03:23

 

Oui, la guerre, c’est la France !
 

Quand un grand ponte de l’establishment doit descendre dans l’arène se colleter avec ses acolytes c’est qu’il y a de l’eau dans l’essence, dit-on par ici. Le citoyen Dominique de Villepin, ex-commis de la ploutocratie de Paris, particulièrement guerrière ces temps-ci, a publiquement pris parti contre l’aventure militaire française au Mali. L’ex-ministre Dominique de Villepin, héritier de l’ère Raffarin, rentier de l’ère Chirac et prostré de l’ère Sarkozy, s’est commis d’un écrit plein de finesse et d’hypocrisie. Son propos, tout de fil blanc cousu, va comme suit: Ne refaites pas les erreurs du passé et apprenez de vos billevesées, bande de demeurés –… Non, la guerre ce n’est pas la France déclame-t-il.


 

 

Tout cela coule de source ma foi. L’impérialisme français arrogant, revanchard et pédant, après avoir été complice dans la destruction de la Serbie, du Kosovo, de l’Afghanistan, de Djibouti, de la Côte d’Ivoire, de la Libye, de la Syrie, de la Somalie, s’attaque aujourd’hui au Mali… pensant probablement que, la proie étant plus démunie, le chacal (ou le Rafale!) en aura vite fini.

 

Dominique sait d’expérience l’engrenage de la dépendance à la souffrance (des peuples néo-colonisés) et il le dit d’un air déconfit : « Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye. Jamais ces guerres n’ont bâti un État solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les États faillis, la loi d’airain des milices armées. Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux. Jamais ces guerres n’ont permis la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités. Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir.» (1).

Que de sagesse ! Notez que monsieur de Villepin ne dit pas que les impérialistes français devraient s’abstenir de s’immiscer dans les affaires intérieures de leurs néo-colonies d’Afrique; en effet, ce n’est pas ce que l’ex-candidat à la candidature suprême préconise. Il dit simplement que l’espionnage, le magouillage, la manipulation des pions dans la région, quelques strapontins et quelques valises diplomatiques bien garnies sont plus payantes que force ni que rage.

La recette militaire a été essayée sans succès, elle n’a donné que révoltés enragés, destruction des infrastructures, famine chez les futurs esclaves salariés à bientôt exploiter, moins d’affaires, moins de ressources minières à exproprier  et moins de marchés à s’emparer. Pourquoi ne pas tenter la solution toute de diplomatie emberlificotée ?

Lisez plutôt : «Il faut aussi une dynamique régionale, en mobilisant l’acteur central qu’est l’Algérie et la CEDEAO en faveur d’un plan de stabilisation du Sahel. Il faut enfin une dynamique politique pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les Touaregs à une solution raisonnable. (…) Telle est la responsabilité de la France devant l’histoire.» (2). Autrement dit, faire faire la guerre de la «mère patrie» par les soldats des néo-colonies. Africains contre africains pour le bien des métropolitains.

Les pontifes français sont prompts à charger leur nation des missions du trublion que personne pourtant ne souhaite leur voir assumer. Bien entendu quelques «mécréants» diront que les intérêts de la France au Mali sont plus immédiats, plus sonnants et trébuchants et plus pressants que le ponte ne veut bien l’avouer. Ces éternels palabres africains où le maître doit à la fin, de toute façon, donner de la cravache et du goupillon, ne garantissent nullement que les pillards pourront conclure leur larcin.

 « L’intervention française, baptisée « Opération Serval », du nom d’un félin africain, a été décidée après que les islamistes d’Ansar Edine eurent pris plusieurs positions dans le sud du pays, notamment la région de Komma, et menacé de prendre la capitale Bamako, et donc d’avoir un contrôle total du pays (ce qui aurait placé cette organisation – qui est sous le contrôle dont on ne sait qui dans la région – en position de force pour les négociations de la cession du butin de radiation. NDLR). »

« Une situation qui posait un problème à la France, non pas pour les raisons «humanitaire» si chères à Bernard Kouchner et autres BHL de ce monde, mais plus vraisemblablement parce que la société Areva, groupe industriel français spécialisé dans les métiers du nucléaire, en particulier l’extraction de minerai d’uranium, bataille depuis plusieurs années pour obtenir l’exploitation de quelques 5,000 tonnes de minerai qui se trouvent à Faléa, une commune de 21 villages et 17,000 habitants, située dans une région isolée à 350 kilomètres de Bamako, capitale du Mali. » (3).

Ah si tous ces politiciens, ces militaires et ces terroristes-djihadistes à leur solde – le problème avec les mercenaires djihadistes c’est qu’ils se vendent au plus offrant et que comme les soldats ils sont sans foi ni loi – seule l’odeur de l’argent les fait changer de camp; si tous ces gens avaient entendu le chaman du Nord Mali que nous avons interviewé récemment : « Mes frères, déclara le sorcier malien, croyez-vous que le nouveau Président puissant, ce monsieur Hollande de France, tirera leçon des massacres afghan et irakien et syrien et libyen ? Aucunement, et nous les attendons bientôt avec leurs armées et leur équipement de mort, venir engraisser les ploutocrates obséquieux qui tiennent lieu de Président-polichinelle à Bamako notre capitale, entouré de son armée de pacotille en guenille, toujours prête à faire feu sur les paysans maliens, à violer les femmes et à recruter leurs enfants-soldats. »

Et le vieux marabout de conclure assis dans sa case de l’Azawad envahi : « Que tous ces preux demeurent chez eux parmi les leurs en pleurs et qu’ils laissent le malien palabrer avec le malien, le noir discuter avec le blanc, le Touareg avec le Bambara, le Bobo et le Dogon. Qu’ils laissent le chrétien africain négocier avec le musulman africain et qu’ils nous laissent en paix. Tous ces étrangers ont assez saccagé nos contrées pour ne pas insister et blesser davantage notre fierté. Dites au Président à Paris, fils de colonialistes proscrits, ce monsieur Hollande «socialiste», de ne plus s’en faire : nous Maliens nous saurons régler cette affaire sans détruire la terre-mère qui nous appartient. » (4).

 

La France hors du Mali !
L’Afrique aux Africains !



Robert Bibeau, pour Mecanopolis

Notes :

(1) Non, la guerre, ce n’est pas la France. 12.01.2013. http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Villepin-Non-la-guerre-ce-n-est-pas-la-France-585627
(2) Non, la guerre ce n’est pas la France. 12.01.2013. http://www.lejdd.fr/International/Afrique/Actualite/Villepin-Non-la-guerre-ce-n-est-pas-la-France-585627
(3) Spencer Delane. L’intervention militaire française au Mali. Mécanopolis. 13.01.2013. http://www.mecanopolis.org/?p=26739
(4) Légende du nouvel an au Mali 5.01.2013. http://www.partisadi.net/2013/01/legende-du-nouvel-an-au-mali/

 

http://www.mecanopolis.org/?p=27129

Partager cet article
Repost0
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 03:04

http://avicennesy.wordpress.com/2013/03/05/les-tensions-montent-entre-la-france-et-le-qatar-au-sujet-de-la-guerre-au-mali-et-de-la-tunisie/
Al Thani

Les tensions montent entre la France et le Qatar au sujet de la guerre au Mali et de la Tunisie

https://www.wsws.org/fr/articles/2013/mar2013/frqa-m04.shtml

Par Jean Shaoul
4 mars 2013

Les tensions s’aggravent entre la France et le Qatar avec des accusations que la pétro monarchie est en train de financer et d’armer des séparatistes et des militants islamistes liés à al-Qaïda au Mali et, plus généralement, de propager l'intégrisme islamique en Afrique.

La France a étroitement collaboré avec le Qatar pour évincer Mouammar Kadhafi en Libye. Elle est également actuellement en train de coopérer avec Doha ainsi qu’avec Riyadh et Ankara pour mener une guerre sectaire dans le but de renverser le président syrien Bachar al-Assad et d’isoler l’Iran. Mais maintenant un retour de flamme s’est produit car la politique du Qatar contrecarre les intérêts géostratégiques et commerciaux de la France au Mali et en Tunisie qui se trouvent au centre des projets de la France de recoloniser son ancien empire en Afrique du Nord et de l’Ouest.

Le premier ministre qatari Cheikh Hamad ben Jassim al-Thani s’est opposé à l’intervention française au Mali, préconisant plutôt le dialogue.

Le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) au pouvoir, Harlem Désir, a dénoncé ce qu’il a appelé « une forme d’indulgence » de la part du Qatar envers les « groupes terroristes qui occupent le Nord Mali. » Ses remarques ont été suivies par la visite du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian à Doha pour discuter du Mali avec al Thani.

Une déclaration du ministère de la Défense a souligné sans équivoque que le Qatar était « un client privilégié de la France » dans le domaine de l’armement et que les « prises de commandes se sont élevées à 450 millions d’euros pour 200 millions d’euros de matériels livrés » depuis 2007. Le ministère a aussi fait remarquer que du 16 février au 7 mars, un exercice commun se déroulerait au Qatar – baptisé Gulf Falcon 2013 – et impliquant 1.300 soldats français et un nombre identique de Qataris.

La presse française a accusé le Qatar de souhaiter voir le Nord Mali faire sécession tout comme elle avait soutenu la sécession du Soudan Sud du Soudan. Ceci permettrait au Qatar de forger des liens étroits avec la nouvelle nation – qui est supposée être riche en pétrole et en gaz – et d’étendre ainsi son influence en direction de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique sub-saharienne.

En juin dernier, l’hebdomadaire Le Canard Enchaîné avait publié un article, « Notre ami du Qatar finance les islamistes au Mali ». Il citait des sources du renseignement militaire français affirmant que le Qatar apportait, par le biais de la société du Croissant Rouge entre autres, un soutien financier à divers groupes : les insurgés touaregs du Mouvement national de la libération de l’Azawad (MNLA), l’Ansar-Dine, l’organisation al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et son groupe dissident, le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO).

Roland Marchal, spécialiste de l’Afrique sub-saharienne a suggéré que des forces spéciales qataries étaient entrées au Nord Mali pour former des recrues d’Ansar El Dine, qui fait partie d’al-Qaïda, une accusation également avancée par l’Express. Le Qatar avait poursuivi une stratégie identique en Libye. En Tunisie et en Egypte, la monarchie al-Thani avait financé en 2011 et en 212 les partis politiques des Frères Musulmans en tant que partie intégrante de sa stratégie plus générale de porter au pouvoir des gouvernements islamistes basés sur les Sunnites, dans le but d’écraser l’opposition au sein de la classe ouvrière arabe, de cibler le régime chiite en Iran et de renforcer sa propre position contre l’Arabie saoudite.

Le gouvernement tunisien conduit par les Islamistes et qui a remplacé le client de longue date de la France, Zine El Abidine Ben Ali, est à présent furieux contre la campagne menée par Paris pour le discréditer en réalisant soit un virement en direction des partis d’opposition soit en formant un gouvernement d’union nationale. La France a été irritée par le refus de la Tunisie de soutenir officiellement l’intervention française au Mali ou d’autoriser les avions militaires français de survoler son espace aérien. Le porte-parole présidentiel, Adnan Manser, a dit craindre que le conflit ne menace les pays voisins, dont la Tunisie.

Les tensions se sont encore accrues après qu'on a appris que les terroristes qui avaient perpétré l’attaque contre le site gazier dans le Sud de l’Algérie, apparemment en représailles à la guerre française au Mali, étaient passés en Tunisie qui est également limitrophe de la Libye et de l’Algérie. D’importantes caches d’armes qu’on ne trouve pas normalement en Tunisie, des RPG, des bombes et des Kalashnikovs, ont été découvertes à Médenine.

L’assassinat au début du mois de février de Chokri Belaïd, dirigeant du parti d’opposition laïc, le Front populaire, a amené le premier ministre d’alors Hamadi Jebali du Parti islamiste Ennahdha à accuser des militants liés à al-Qaïda d’avoir commis l’assassinat et d’accumuler des armes dans le but d’établir un Etat islamique.

Le ministre français de l’Intérieur, Manuel Valls, a dénoncé le meurtre comme étant une attaque contre « les valeurs de la révolution du Jasmin » en Tunisie. Il a déclaré « Il y a un fascisme islamique qui monte un peu partout et cet obscurantisme… doit être évidemment condamné… puisqu’on nie cet Etat de droit, cette démocratie pour lesquels les peuples libyens, tunisiens, égyptiens se sont battus. »

Valls a aussi réclamé que la France soutienne les partis d’opposition pseudo-gauches pour stabiliser la Tunisie et pour contrôler l’opposition de la classe ouvrière,.

Ces remarques ont suscité une manifestation des partisans d’Ennahdha, qui ont scandé des slogans et brandi des pancartes disant, « La France dehors ! » et « Ca suffit la France ! La Tunisie ne sera plus jamais une colonie française ». L’intervention de Valls a été tellement crue que le porte-parole du Front populaire tunisien pseudo-gauche, le président du Parti communiste des travailleurs de Tunisie, Hamma Hammami, s’est vue obligé de déclarer : « En tant que Front populaire nous sommes contre la France, les Etats-Unis et tout pays arabe qui s’ingère dans nos affaires internes. »

L’intérêt porté par la France à ses anciens territoires coloniaux en Afrique du Nord et au Sahel est généré par leurs richesses en ressources naturelles – notamment le pétrole, le gaz, l’uranium, l’or et d’autres minéraux précieux – et la montée des Etats-Unis et de la Chine dans une région que la France considère être son propre pré carré.

Le président de l’époque, Jacques Chirac, avait initialement cherché à contrer l’Initiative Pan-Sahel (PSI) de Washington qui avait été promulguée en 2001 et par laquelle les forces militaires américaines formeraient des troupes du Mali, du Tchad, de la Mauritanie et du Niger, sous le prétexte de la « guerre contre le terrorisme » annoncée après les attentats du 11 septembre. Plus tard, celle initiative avait été élargie de façon à inclure l’Algérie, la Mauritanie, le Maroc, le Sénégal, le Nigeria et la Tunisie au titre de l’Initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme (TSCTI). La Libye, le Soudan et la Somalie avaient déjà été identifiés comme étant des cibles potentielles.

Le PSI et le TSCTI avait donné lieu en 2007 à la mise en place de l’AFRICOM au sein de l’EUCOM (United States European Command) basé à Stuttgart, étant donné qu’aucun pays africain ne voulait l’accueillir. L’AFRICOM avait pris le contrôle de la TSCTI. Chirac avait voulu obtenir le soutien de l’Allemagne, en invitant en 2007 l’Allemagne au sommet franco-africain, mais Angela Merkel avait refusé de contrarier Washington.

La montée de la Chine avait beaucoup pesé dans la décision du président français, Nicolas Sarkozy de rejoindre en 2009 les structures militaires de l’OTAN et de signer un accord avec la Grande-Bretagne en 2010 pour intégrer les armées des deux pays. Le rôle de la France serait de servir d'auxiliaire de Washington en Afrique du Nord et au Sahel, et d'obtenir sa part du butin résultant de ses projets de restructuration de la région.

Sarkozy avait cherché à renforcer la position économique déclinante de la France en courtisant l’émir du Qatar, en vendant 80 Airbus à Doha pour sa compagnie aérienne Qatar Airways, en lui livrant jusqu’à 80 pour cent de ses armes et en encourageant le Fonds souverain du Qatar à acquérir à hauteur de 70 milliards de dollars US d’actifs français.

La France a promulgué une loi spéciale exonérant de taxes l’émir et d’autres investisseurs qataris qui ont acheté des valeurs immobilières françaises. Elle a même proposé à Doha d’adhérer à son Organisation internationale de la francophonie (OIF), approuvant les écoles de langue française qui sont soumises à l’administration qatarie au Golfe, au Maghreb et en Afrique.

(Article original paru le 28 février 2013)

https://www.wsws.org/fr/articles/2013/mar2013/frqa-m04.shtml

 

 

--------------------------------------

 

 

Manuel Valls : une « poignée » de « Français ou résidents en France » se trouvent actuellement au Mali au côté des djihadistes, alors qu’ils sont « plusieurs dizaines » en Syrie…
http://mediabenews.wordpress.com/
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog d' Eva, R-sistons à la crise
  • : Tout sur la crise financière, économique, sanitaire, sociale, morale etc. Infos et analyses d'actualité. Et conseils, tuyaux, pour s'adapter à la crise, éventuellement au chaos, et même survivre en cas de guerre le cas échéant. Et des pistes, des alternatives au Système, pas forcément utopiques. A défaut de le changer ! Un blog d'utilité publique.
  • Contact

Recherche