L’Observatoire du nucléaire diffuse ce jour une enquête édifiante qui montre de quelle manière les autorités françaises nous préparent, en cas de catastrophe nucléaire en France, à consommer des produits contaminés.
L’objectif est double : préserver les intérêts du lobby agro-productiviste (qui ne veut écouler ses productions, même si elles sont contaminées) et, dans le même temps, accréditer l’idée que l’on peut continuer à vivre presque normalement en zones contaminées. Et donc que, finalement, une catastrophe nucléaire ne justifierait pas de remettre en cause l’industrie nucléaire.
C’est ainsi que les entreprises du nucléaire (EDF, Areva, CEA) et l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire), appuyés par le lobby agro-productiviste (FNSEA et structures associées), organisent depuis plusieurs années de curieux programmes.
Des programmes « scientifiques » en Biélorussie dans les zones contaminées par la catastrophe de Tchernobyl, et des programmes visant à transposer à la France, pour le cas où une catastrophe nucléaire s’y produirait, les « enseignements » de ces curieuses études. Des simulations sont d’ailleurs déjà organisées en France, par exemple dans l’Aube.
Cette enquête a été menée en 2005 mais ses conclusions sont hélas d’une brûlante actualité. Une catastrophe nucléaire est en cours au Japon, mais une autre est possible à chaque instant en France. Les autorités s’y préparent… de la pire des façons : pour empêcher quoi qu’il arrive la remise en cause du nucléaire français.
Qui veut écouler les productions agricoles contaminées par un accident nucléaire?
Autopsie des programmes Ethos, Core, Sage, Farming
Il y a eu Tchernobyl. Et il y aura peut-être bientôt un nouveau désastre nucléaire, que ce soit aux Usa, au Japon, en Europe et particulièrement en France, royaume de l’atome.
Pessimisme ? Catastrophisme ? En tout cas, il y a des organismes qui se préparent très sérieusement à une si dramatique hypothèse.
Surprise : il s’agit principalement… des entreprises du nucléaire et des autorités. Il est vrai qu’elles sont certainement mieux informées que quiconque de l’aggravation du risque nucléaire : les centrales vieillissent, elle sont soumises à des plans de restrictions budgétaires, elles sont inadaptées au risque sismiques…
Ainsi, divers programmes ont été mis en place pour :
- manipuler et minimiser les informations sur les conséquences de Tchernobyl
- préparer l’éventualité d’un accident nucléaire en Europe de l’Ouest et particulièrement en France
Fait notable, le lobby agro-productiviste, lié à la FNSEA, est partie prenante de ces programmes.
Objectif : empêcher la destruction des productions agricoles contaminées par un accident nucléaire et imposer le postulat que ces productions seraient consommables sans danger ( !) et/ou exportables.
DES PROGRAMMES POUR ECOULER LES PRODUCTIONS AGRICOLES CONTAMINEES
Peut-être doutez-vous que de si machiavéliques projets puisent exister. Alors prenez connaissance de Farming (Food and Agriculture Restoration Management Involving Networked Groups ; www.ec- farming.net).
Il s’agit d’un programme financé par la commission européenne dont l’objectif est de mettre en place « un groupe de travail qui, en cas d’accident nucléaire affectant l’agriculture, l’alimentation et la vie rurale en France, pourrait fournir des données pour des décisions stratégiques », mais aussi de travailler sur « deux problèmes clé : la gestion des produits alimentaires contaminés après un accident ; et les stratégies pour un retour des territoires à la production agricole tout en minimisant les quantités de déchets générés ».
Ces « décisions stratégiques » concernant les « déchets générés » (c’est-à-dire les productions agricoles contaminées) consistent à en minimiser la quantité… en décrétant que la plus grande part de ces productions peut être consommée.
(…) On trouve des représentants :
- du lobby agro-productiviste : FNSEA, INAPG (Institut National Agronomique Paris Grignon), Sol et Civilisation, mais aussi la Sopexa (www.e-sopexa.com/francais/ index.html), une structure spécialisée dans…l’exportation des production agricoles françaises ! (Voir annexe)
- du CEPN qui regroupe EDF, Areva-Cogéma, l’Irsn (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique).
Cf www.cepn.asso.fr
- de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) qui se prépare à cautionner la consommation de produits contaminés
- et bien sûr de l’Etat avec le ministère de l’agriculture mais aussi les ministères… de l’Intérieur et de la Défense, ce qui montre bien que l’affaire est importante… et sensible.
LES FRANÇAIS AU POUVOIR DANS LES ZONES CONTAMINEES PAR TCHERNOBYL
Mais, avant de lancer le programme Farming, et pour pouvoir « justifier » la mise à la consommation de produits contaminés, un long travail de désinformation a été mené dans les zones contaminées par la catastrophe de Tchernobyl. Problème : même si le nuage radioactif a traversé une grande partie de l’Europe, ce sont l’Ukraine et surtout la Biélorussie qui ont été les plus touchées.
Or, c’est en Europe de l’Ouest, que le lobby nucléaire est le plus puissant, en particulier en France avec EDF, la Cogéma (désormais composante du groupe Areva), le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), ou l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN). (…)
Commentaires :
Il est absolument criminel de considérer que l’on peut consommer des produits qui contiennent du Césium 137 à hauteur de :
100 Bq/l pour les produits laitiers,
200 Bq/kg pour la viande,
20 Bq/kg pour les pommes de terre et le pain.
Les Pr Bandajevski et Nesterenko ont montré que le Césium s’accumule dans les organes et causent de graves maladies dont sont en particulier atteints des dizaines de milliers d’enfants.
Le lobby nucléaire prétend que ces maladies sont psychosomatiques (…)
Lire le rapport en entier pdf